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Aymerick Blin

33 ans, Entraineur et préparateur technique indépendant

email: info@nautipic.ch

Touche à tout en compétition, du dériveur à la course au large en passant par le windsurf, le multicoque ou les foilers

CNS: Quels sont tes liens avec le CNS

Aymerick Blin: Je suis de l’époque où les juniors de la Base Nautique de Sciez souhaitant régater étaient affiliés au CNS pour obtenir leurs licences. Ce qui a eu le superbe effet de créer des liens entre les jeunes régatiers et les membres du club, liens qui ont très souvent été à l’origine de belles histoires véliques!

CNS: Comment es-tu arrivé aux bateaux volants ? 

Aymerick Blin: Après 6 ans de projet course au large, j’ai cherché un support qui me permettrait d’apprendre et de m’éclater sans avoir besoin d’aller régater (contraintes d’emploi du temps professionnel). Le Moth s’est avéré le support parfait puisqu’il me permettait en plus de m’adonner à une autre passion qu’est la préparation technique, fabrication de pièces, optimisation ou autres développements.

CNS: Quelles qualités particulières faut-il pour naviguer sur ce type de bateaux ?

Aymerick Blin: Pour naviguer sur un bateau de la famille des Moths (center line foiler), il faut un minimum d’expérience de navigation en dériveur et un minimum de condition physique. Pour être très concret, sur un support comme le Onefly le vol est accessible à tout navigateur étant capable de maîtriser un Laser dans 3 beauforts.

CNS: En quoi la navigation sur un bateau volant est-elle différente d'un voilier archimédien ?

Aymerick Blin: Les sensations sont très différentes au premier abord. Si l’on considère les voiliers archimédiens, les différences avec un foiler seront d’autant plus marquées que le déplacement du bateau est élevé. Plus le ratio surface de voile / poids augmente plus on se rapproche de la navigation en foil. Les navigateurs venant du skiff ou multicoque sont déjà accoutumés au vent apparent et seront donc davantage déstabilisés par l’éloignement des points d’appui du bateau sur l’eau ainsi que le silence engendré par le vol, là où un navigateur venant du lesté ou du dériveur traditionnel sera peut-être simplement étonné des accélérations et des vitesses atteignables !

CNS: Sur quel type de bateaux volants navigues-tu ?

Aymerick Blin: Je navigue essentiellement en Moth international. Une superbe jauge à développement qui existe depuis plus de 100 ans et dont l’échelle (3,35m) a permis l’apparition des premiers foilers en régates au début des années 2000.

CNS: Lequel préfères tu et pourquoi?

Aymerick Blin: Le Onefly est à mon avis le support monotype à venir. Il présente tous les avantages du Moth sans les inconvénients : coûts, entretien, fragilité etc. il permet l’accès au foiling y.c en régate au plus grand nombre, en limitant un maximum les compromis avec la performance.

 

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CNS: Quels sont les circuits sur le Léman ?

Aymerick Blin: Il existe aujourd’hui des circuits essentiellement liés à certaines classes comme par exemple les Flying Phantom ou les TF35. Ils restent néanmoins élitistes et très coûteux. Nous ne sommes qu’au début de cette révolution, le plus beau est à venir et il est encore temps pour tout les navigateurs amoureux de vitesse et même de régate en version accélérée de se lancer et de vivre pleinement cette période qui nous permet de nous affranchir de toujours plus de traînée pour tendre vers une glisse toujours plus pure!

CNS: Quel conseil pour commencer à voler ?

Aymerick Blin: Commencer (rires) ! Il est vrai que de se faire accompagner pour débuter permet d’atteindre plus vite l’autonomie, même si il est tout à fait possible de s’en tenir simplement à mon premier conseil.

CNS: Quel est le budget d'entrée pour un bateau volant ?

Aymerick Blin: On peut trouver un bateau volant des 4 ou 5000 €. Il faut en revanche être prêt à bricoler et oublier quelconques idées de régate avec des bateaux de ce type. Pour un Onefly complet neuf (prêt à régater) on compte 15k€, le marché de l’occasion n’est pas encore très développé. A noter qu’il est tout à fait envisageable et même recommandé de se mettre à deux sur ce genre de projet. La fatigue engendrée par les premières navigations, l’apprentissage rendue possible en observant une autre personne naviguer et les facilités liées au fait d’être deux pour les manipulations diverses rend le partage du bateau très intéressant en tout cas sur la première saison. Et accessoirement rend le coût de l’investissement comparable à celui d’un dériveur double sympa! Pour les furieux sans compromis qui souhaiteraient s’y mettre sérieusement sur un circuit international les prix des Moths compétitifs varient de 25k€ à 40k€ mais attention, les technologies évoluent vite et les actualisations à prévoir pour rester compétitif sont nombreuses !

CNS: Quelle est ta plus belle expérience de navigation ?

Aymerick Blin: Il est très difficile de comparer des expériences trop diverses. Mettre en regard une navigation en solitaire au large dans les conditions difficiles avec le partage d’un bord de glisse dingue à bord d’un catamaran de sport dans une longue houle pour enrouler une marque de parcours qui ressemble plus à une île qu’à une bouée ne permet pas de désigner la plus belle expérience. De même que de confronter l’état de bonheur et d’excitation que procure d’une part un énorme coup tactique durant une course en double et d’autre part un départ en foiler bord à bord avec les plus grands navigateurs du monde n’est pas plus relevant quant à la hiérarchisation des expériences. J’espère que ma plus belle expérience de navigation est à venir.

CNS: Quelle est ta pire expérience de navigation ?

Aymerick Blin: Je ne m’en souviens pas. Toute expérience difficile ou éprouvante finit toujours par être classé dans les expériences positives, c’est la magie de ce sport, l’apprentissage ne finit jamais puisqu’il est complètement lié à l’accumulation d'expériences. La pire est sans doute inintéressante puisque probablement source d’ennuis et donc sans aucun enseignement.

CNS: Quel conseil donnerais-tu aux plus jeunes ?

Aymerick Blin: Prendre du plaisir, naviguer sérieusement sans se prendre au sérieux, rester humble face aux éléments et curieux face aux vieux marins qu’ils rencontreront!

CNS: Quel personne nominerais-tu pour l'entretien de la prochaine newsletter? 

Aymerick Blin: Paul Camps, pour les liens cités plus haut.